Floating realms

Retour d'expérience : campagne PvP en live

Au cours des six dernières semaines, j'ai mené une campagne de jeu de rôle à nature PvP sur ma chaîne Twitch dans l'univers de Star Wars. La toute première du genre sur ma chaîne et la première que je menais en live.

Entre appréhension, peur de la réaction du public, angoisse vis-à-vis des joueuses/joueurs et scénario que je craignais inadapté, je vous raconte un peu mon périple dans ce retour d'expérience.

Star Wars : Children of Darkness est une campagne PvP prenant place dans l'univers éponyme à l'époque de l'ancien empire sith (période SWTOR pour les connaisseuses et connaisseurs). Mes rôlistes ont été catapultés dans le processus de recrutement inhumain de l'Ordre Sith avec un seul mot d'ordre : il n'en restera qu'un(e).

La rédaction des cinq séances de la campagne a été d'une facilité déconcertante, je dois bien l'admettre. J'ai enchainé assez aisément mes idées et, largement aidé pour avoir joué au MMORPG, j'ai raccroché les wagons de mes envies avec les possibilités offertes par l'univers. Ce n'est que quelques jours après avoir mis le point final à ma rédaction que je me suis inquiété.

Cette pensée m'a obsédé. J'avais peur de ne pas avoir traité cette campagne comme elle le devait, de ne pas avoir pensé à tous les éléments nécessaires à une coopération forcée, d'avoir mal dosé les moments de PvP éventuels. Je me suis mis à stresser !

Le subtile équilibre de la campagne reposait sur le paradoxe entre l'objectif final (qu'il ne reste qu'un(e) personnage) et le fait que, pendant les premières séances, le groupe devait éviter de trop se fragmenter pour pouvoir passer les épreuves.

J'ai introduit le concept d'échec global, indiquant que si tout le monde devait mourir, ils mourraient tous. Cette dimension me faisait peur car je craignais que cette menace ne suffise pas à empêcher les joueuses/joueurs de s'entretuer dès la 1ère séance.

Et tout s'est très bien passé !

La 1ère séance est une franche réussite. L'un des joueurs voit son personnage décéder dû à une mauvaise interprétation d'une énigme et tous les autres parviennent à s'en tirer, non sans jouer des oppositions contrôlées. L'expérience de chacun de mes rôlistes se ressent et c'est là que se trouve le point qui a permis au reste d'exister !

Avec le recul, je ne suis pas certain que des rôlistes débutant(e)s seraient parvenus à comprendre le subtile mélange de chaos et d'ordre proposé par la campagne. Les énigmes, graduellement difficiles, ont mis leurs nerfs à vifs mais ils sont parvenus à se dépatouiller de l'ensemble des séances en comprenant la logique des Siths.

Mes craintes se sont envolées au fur et à mesure que cette tablée exceptionnelle avançait pour finalement, bel et bien, parvenir à la dernière session qui s'est clôturée ce mercredi.

Là encore, l'expérience de mes rôlistes a été le facteur clé. Je craignais que le côté PvP, les trahisons, les attaques dans le dos entraînent des tensions dans le groupe. Ca n'a pas été le cas.

Grâce à une petite séance 0 où je me suis permis de briefer sur l'aspect PvP et sur les vices de l'Ordre Sith, tout un chacun est venu avec l'idée qu'il/elle ne survivrait pas au cours de ces séances. La chose étant totalement dépassionnée, chaque perte de personnage a été pleinement absorbée comme un élément logique du décor.

Nous avions une aussi bonne ambiance Hrp que les personnages ne se sont graduellement détestés en Rp. C'était une mécanique intéressante qui a grandement participé à ce que cette campagne soit une réussite.

Conclusion

Les campagnes PvP sont toutes différentes et j'ai pris le parti de créer une série de séances très limitées où j'ai volontairement joué entre un besoin de coopération ainsi qu'un besoin de confrontation. Ce fut un combo redoutablement efficace et nous n'avons vu les premiers vrais échanges de PvP que lorsque le scénario l'a forcé.

La réception de cette campagne par le public a été globalement très positive et les viewers/vieweuses ont bien accroché au concept. Chaque semaine, chacun y allait de son pronostic pour savoir lequel/laquelle des acolytes resterait en vie !

Je conseillerai néanmoins aux Mj débutant(e)s d'éviter de s'y risquer, cela peut être particulièrement stressant et cela requiert un bon détachement vis-à-vis des rôlistes de la table. On aurait tendance à vouloir épauler ou aider un joueur/une joueuse que les dés mettraient en difficulté mais ce serait aller contre le principe même de la campagne.

Pareillement, je déconseille d'ouvrir des tables de PvP à des rôlistes débutants. Le détachement nécessaire pour une campagne de ce type n'est pas donné à tout le monde et je préconise d'ouvrir des sièges à des rôlistes avec une certaine expérience.

C'était une expérience très riche, néanmoins, et je remercie l'ensemble des viewers qui sont restés scotchés à leurs écrans pour en voir la conclusion autant que mes merveilleux rôlistes qui nous ont donné un spectacle de belle qualité.

Vous retrouverez les épisodes de Star Wars : Children of Darkness très bientôt sur ma chaîne youtube.

A bientôt et n'oubliez pas que le jeu de rôle, c'est la vie ! Oui.

#jdr #jeuderole #conseil #starwars #campagneJDR #campagnePvP

La Mort en jeu de rôle.

Le décès d'un personnage est toujours un moment particulier et difficile dans la majorité des jeux de rôle.

Certains univers et scénarios s'y prêtent et la Mort y est attendue. Parfois, néanmoins, elle est une conséquence désastreuse dans une ambiance où on ne l'attendait pas.

Difficile à gérer pour certains pnj phare, encore plus dure à amener pour un pj. Hélas quelques âmes mal intentionnées continuent d'en abuser.

Combien de fois ai-je entendu cette absurdité ? Pour une raison qui m'échappe - ou que je crains d'explorer - certain(e)s se sont imaginés que l'on pouvait qualifier un(e) MJ sur une échelle de sadisme dont l'aboutissement suprême était la mise à mort des personnages.

Je trouve cela d'une telle débilité que j'en perdrai mon calme.

Déjà parce qu'un MJ "difficile" ou "sadique" peut l'être de bien des façons. Énigmes tordues, accentuation du réalisme, intransigeance avec un système de jeu, il y a bien des façons de "prouver" que l'on est THE Mj le plus sadique du monde.

A 30 ans passé, je continue à me demander en quoi c'est valorisant, ceci dit.

En mettant de côté ces mauvaises pratiques (selon moi) de la casquette de Conteur, il est temps de rentrer dans le vif du sujet : la Mort des personnages.

Laissons de côté, volontairement, les jeux de rôle où celle-ci est une composante notable du jeu. Les Cthulhu et autres Alien, par exemple, sont des univers notoirement mortels. Un décès survenant aux mains d'un Grand Ancien ou d'un Xénomorphe, par croyance populaire, est une chose que l'on vit mieux. Parfois même a-t-on signé pour ça et le MJ vous aura prévenu du potentiel mortel de son histoire.

Je souhaiterai aborder la question des "autres morts". De ces campagnes dans des univers plus héroïques, plus joyeux où la mise à l'épreuve ne conditionne pas forcément le décès. Bien entendu, certains pnj (alliés le plus souvent) peuvent y voir leurs derniers instants s'y jouer mais bien plus rarement les joueuses et les joueurs.

Alors quand un personnage actif de la table s'écroule pour ne plus jamais rouvrir les yeux, la stupeur envahit le groupe. De multiples émotions s'y mêlent et je crois qu'il est du ressort du MJ d'essayer de minimiser l'impact de la disparition d'un PJ car elle implique beaucoup de choses.

Réaction exécrable au possible, n'est-il pas ?

Il y en a encore beaucoup des comme ça, je le déplore. Sachez heureusement que la majorité des gens bienfaisants du JdR ne pensent pas ainsi. Il est normal d'être touché par la fin d'un personnage et d'autant plus si vous le jouez depuis longtemps. Vous allez ressentir des émotions fortes et non seulement vous en avez le droit mais en plus vous ne devez pas hésiter à les exprimer !

De mon point de vue, la Mort est un outil scénaristique extrêmement important dont l'usage doit être fait pour servir le propos d'une histoire ou déclenché avec de saines précautions, surtout dans un univers qui ne se prête pas forcément à un décès, brutal ou non.

Elle est un élément de jeu de rôle et doit être réservée à des situations spécifiques. Je suis souvent prêt à tordre les règles d'un système pour éviter un mort dû à un mauvais jet de dés car j'estime que le hasard ne peut, à lui seul, prendre une telle décision. Cela ne m'empêche pas d'administrer blessures et contrecoups parfois à durée illimitée.

Toutefois, la disparition d'un PJ est à mon sens un élément fort qui doit être marquant. Un moment crucial où le moindre faux pas peut entraîner un mal être persistant chez la joueuse ou le joueur impacté.

Le décès d'un PJ doit être un moment fort, pas nécessairement épique, mais fort. Un instant où toute l'attention se focalise sur celui ou celle qui s'apprête à partir. Pour un ultime aurevoir, les adieux doivent être à la hauteur.

Ambiance sonore apaisée, timbre de voix posé, lenteur du propos, liberté d'expression pour les derniers moments du personnage... tout doit être parfait. Car avec la fin de cet avatar, c'est la fin d'une histoire écrite par l'une des personnes de votre tablée. C'est un adieu.

Aux joueuses et aux joueurs, je conseille le silence pendant la description et l'accompagnement si le/la PJ impacté(e) se sent mal. Pas de moqueries, jamais et peut-être un peu de dédramatisation si l'on sent que l'on peut se le permettre.

Aux MJ's, je préconise de la bienveillance et de la créativité. Rendez cet instant unique et n'hésitez pas à créer un héritage à ce personnage sans forcément aller jusqu'à une résurrection (on en reparlera).

La fin d'un personnage ne doit jamais signer la fin de l'envie de jouer pour un(e) PJ. Je vois la Mort en JdR comme un outil formidable mais dont la lame se fait à double tranchant.

Soyons mesuré(e)s dans l'usage du décès en jeu de rôle et cherchons à en faire des moments scénaristiques forts plutôt qu'une boucherie bâclée dû à un échec critique.

#jdr #jeuderole #conseil #mj #conseil

De l'importance du Repos

Il y a quelques mois, ma chaîne Twitch s'appelait AnathemRP. Je possédais une communauté fidèle, un système de jeu complexe, une grosse campagne à venir, beaucoup de projets et une bonne audience.

Tout semblait parfait et je me croyais aux anges. Lors d'un ultime live sur un one shot, je bats tous mes records de viewers moyens sans raid. Je suis techniquement à mon sommet. La partie s'achève, je remercie tout le monde et je coupe le live.

Je ne le rallumerai jamais. Pourquoi ? Je suis fatigué, et au plus mal. Je vous raconte ce que j'ai appris.

Il y a quelques mois de ça, j'ai fait une overdose artistique. A force de créer, encore et encore, sans prendre le temps de me reposer j'ai fini par ne plus avoir l'envie d'écrire. Je me suis dégoûté de ma propre passion et j'ai failli tout laisser tomber.

Heureusement, la commu' a été là pour me soutenir et grâce à elle, j'ai eu le courage de me mettre en retrait. De quoi avais-je besoin ? De repos. Une passion, un art, c'est une chose dont on peut souffrir si on s'y perd. Quand on oublie le plaisir au profit de la quantité, on risque l'asphyxie.

J'ai dû accepter de me mettre en OFF, faire un véritable bilan de ce que je proposais et repartir du bon pied. Confiant et soutenu par des personnes exceptionnelles tant IRL qu'au sein de mon discord, j'ai attendu. J'ai pris du repos, j'ai évolué.

Aujourd'hui, je me porte mieux que jamais et les choses ne se sont jamais si bien passées. La leçon a été apprise : le repos n'est pas important, il est fondamental. Associé à une bonne remise en question, il fait des miracles.

N'oubliez jamais de vivre vos passions pour ce qu'elles sont : quelque chose qui vous fait du bien avant tout... et ce, même si vous la partagez en live.

Vous êtes important(e), gardez toujours cela à l'esprit.

#jdr #jeuderole #création #conseil #art